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TIMO LEONETTI. 2 JOURS. 2 RECORDS. UNE PASSION

Published on:
17 Nov 2023

“J’étais enfin de retour dans la Mecque des cross de longue distance : le Setao. Bien que le phénomène “El Niño” ait repris le dessus, les conditions n’ont pas été très favorables et nous avons dû faire avec un sol très humide, des thermiques bleus et moins puissants que d’habitude, sans oublier une turbulence nettement plus forte.

Le premier jour, j’ai décollé depuis Caico et j’ai pu faire 484km. La journée commençait bien avec une vitesse moyenne de 60km/h à 10:00 avant que la couverture nuageuse et un vent faiblissant à 10/15 km/h ne ralentissent la cadence. Le jour suivant, j’ai pu faire 459km après une nuit dans la navette pour rentrer à Caico. Cette fois il n’y avait pas de récup’ organisée et le retour s’est transformé en une aventure incroyable avec les habitants du village de Trapia chez qui j’ai passé la nuit après m’y être posé ! Enfin, les prévisions ont annoncé deux jours de vent favorable et j’ai décidé d’aller décoller à Tacima pour profiter au mieux du vent.

J’ai décollé sur le décollage des deltas à 6:00 mais l’attente en soaring était horrible – beaucoup de vent et de turbulence. Un voile épais empéchait le soleil de chauffer. J’avais parfois l’impression de voler en marche arrière sans accélérer. A 7:40 je perds patience et je pars avec le vent seulement 100m au- dessus du sommet. Un oiseau en train d’enroulé m’a donné confiance et je me concentre pour ressortir dans ce thermique sous le vent turbulent et enfin démarrer mon vol. Une fois au plafond, les conditions sont très bonnes avec des alignements de nuages et un vent très fort. J’étais en train de me remettre en selle avec une moyenne de 60 km/h au bout de deux heures. Malheureusement, le ciel s’asséche et les nuages disparaissent, ce qui rend le vol beaucoup plus technique. Le vent reste fort et je fais des pointes à 110/115 km/h. J’ai réussi à rester en l’air dans le bleu puis des nuages se forment à nouveau en milieu d’après midi. Après 15:30 la convection commence à baisser fortement et je dois enrouler des varios de 1m/s. Il faut se concentrer à nouveau pour rester en l’air le plus longtemps possible.

J’atteins la marque des 500km avant un dernier glide vers le soleil couchant qui me permets d’atterrir après 531km et d’enpocher le record du monde junior !

Après avoir conduit 12 heures à ma poursuite, ma mère m’a récupéré une heure seulement après mon atterrissage et nous avons pu fêter cette journée formidable ensemble. J’avais cependant très envie de profiter de la journée du lendemain dont les prévisions étaient favorables et qui serait potentiellement le dernier vol de notre séjour !

Nous sommes arrivés à Quixada à 23:00 avec l’intention de tenter notre chance le lendemain depuis ce décollage mythique !

Après une courte nuit, je me suis retrouvé au Pipeline à 6:00 du matin. Bien qu’ayant assisté à de nombreux décollages de mon père et de mon oncle depuis ce site (la première fois quand j’avais un an et demi), je n’avais jamais décollé là auparavant.

Le vent était fort mais pas trop, avec des raffales à 40/45 km/h et des moments plus calmes entre les cycles thermiques. Je me mets en l’air à 6:30 alors que de petits cumulus font déjà leur apparition.

Je soigne mon plafond avant de me lancer à 7:00 précises. Le début de vol est très agréable mais encore une fois dans un vent très fort. Alors que les nuages disparaissent devant moi je remarque un cumulus qui se développe juste au vent de ma position. Je décide d’aller le chercher mais même accéléré à fond j’avance à peine et je descends. Plus le choix, il faut faire demi-tour et partir vent arrière. Je me retrouve bas mais je n’ai pas du tout envie de me poser si tôt et dans un vent si fort. Un oiseau enroule 100m au dessus de moi et ma Zeno 2 me tire dans cette direction, j’y vais, en-dessous il y a des buissons qui sont poussés par le vent puis s’élèvent en tournant. C’est un dust-devil et ma dernière chance de remonter alors que je ne suis plus qu’à 65m du sol. Le thermique est très puissant et turbulent, mon aile bouge comme jamais et je me concentre à 100% pour ne pas lâcher ce missile.

Enfin au plafond, je dois encore traverser le plateau Monsenhor Tabosa à 9:20. Je passe la zone rapidement puis le ciel est à nouveau bleu. A 11:20 j’arrive au plateau de Poranga qui marque le passage des 200km.

Au loin, les cumulus appétissants vers Piaui. Alors que je les rejoins je suis récompensé par une masse d’air particulièrement porteuse. Le vent décroît alors vers 20km/h mais les thermiques sont puissants, larges et doux.

Le sol devient vert, planté de palmiers et les options d’atterrissage diminuent. Je continue d’avancer et je traverse la magnifique rivière Parnaiba qui marque la frontière entre Piaui et Maranhao.

Je rebondis de nuages en nuages pour atteindre les 500km, la première fois qu’on franchit cette distance depuis Quixada ! A 17:00 l’activité thermique s’arrête et je me pose à Bon Sucesso do Maranhao après avoir volé 510km. Je suis tellement heureux d’avoir le record d’un site qui a si bien résisté à l’épreuve du temps.

C’était aussi la première fois qu’un pilote dépassait 500km deux jours de suite.

Je suis hébergé par un fermier pendant que j’attends ma mère qui a traversé trois états en voiture pour me récupérer au milieu d’une forêt de palmiers. On se retrouve et on partage à nouveau la joie d’un vol formidable !!

Ce séjour au Sertao ne m’aura pas permis de franchir les 600km mais j’ai établi un nouveau record du monde junior et un nouveau record pour Quixada. C’est une aventure que je n’oublierai jamais !”

Vous pouvez trouver le vol de Timo sur : https://www.xcontest.org/world/en/pilots/detail:Timoleo

Bravo à Timo et félicitations de la part de toute l’équipe Ozone.

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