Au moment de l'appel sous les spots du podium des 10 premiers du classement, en vue d'un puissant applaudissement par les spectateurs et les collègues pilotes, je participai aux félicitations collectives de façon modulée en fonction de mon " respectomètre " perso, et je réservis mes plus forts applaudissements au vainqueur,
champion de l'année. Pas seulement parce qu'il était premier -cela m'importe peu (le respectomètre détermine mieux votre appréciation que le classement PWC) mais en raison de son incroyable style dans sa victoire. Stephan WYSS n'a pas simplement gagné : il a fait preuve d'une classe hors norme, supérieure à tous points de vue à celle de nous autres " meilleurs pilotes du monde " , en remportant quatre des huit manches tout en se classant remarquablement bien dans les quatre autres.
voilà les chiffres.
Il a engrangé plus de 980 points lors de chacune de ses 4 dernières manches ! Il avait en fait déjà remporté la compète avant la dernière manche, qu'il a tout de même raflée, sa façon à lui de dire au revoir... Ouais ! Victoire épique ! Là où le respect est dû, le respect doit être accordé : voilà ! Félicitations donc à notre champion 2015 de la Super finale PWC - représentant d'un petit pays créateur du Toblerone coinçé entre la France, l'Italie,l'Allemagne et l'Autrichel– Stefan WYSS !!! Viva el campeón!
En ce qui me concerne, la compète s'est déroulée bien différemment. Après un début de compète calamiteux, ratant complètement les deux premières manches et me retrouvant à la 103 ème. place, mon seul but était dès lors de boucler les six autres manches afin de pouvoir sortir les résultats des deux premières de mon score général grâce à la procédure FTV des 25 % permettant l'élimination du plus mauvais quart du score global. toisième manche : bouclée. Quatrième : bouclée. Cinquième : bouclée. Sixième : bouclée. Septième : bouclée. Huitième : au trois quarts du parcours tout va bien ; je vole à un kilomètres de la grappe de tête en essayant de les rattraper lorsque,
en compagnie de Yoann CHAVANNE, nous empruntons une trajectoire légèrement à droite du thermique des premiers, que nous ratons... Après, plus rien : juste un plané en descente ; la falaise se termine et il n'y a plus que le grand canyon à l'est de La Pila ; il est temps de prendre une décision : Yoann choisit de se poser au bord du Canyon ; je me jette désespérément dedans, refusant de me poser. Je vidange immédiatement mon lest dans le but de remonter à tout prix et d'atteindre le goal situé juste au-dessus de moi... Je me bagarre comme un beau diable car il est hors de question d'échouer en fin de course ! Non ! Cela dit, je continue à descendre, à descendre jusqu'à être à court du moindre atterro de secours, si bien que je suis contraint de me poser dans la zone des derniers buissons de la face est avant la forêt épaisse qui débute juste en dessous. La seconde suivante, je suis debout dans ce " puto de canyon perdido " comme nous disons en bulgare ; " dans le cul du relief " -ma mission a échoué au dernier moment ; mon classement démoli et à cet instant de post stress, je ressens une envie irrésistible d'uriner de toute urgence... Je me soulage dans mon cathéter, mais n'étant plus en position de vol, il fonctionne mal et je sens tout d'un coup le flux chaud de mon urine coulant lentement mais sûrement et inexorablement le long de ma jambe et de mon pantalon, complétant ainsi l'image de mon désastre perso... Echec pathétique.
Pas de réseau de portable, pas de liaison radio à cause du relief, pas d'espace ouvert, juste des buissons épineux et d'épais bambous dans cette forte pente...mais coup de chance : un minuscule carré de 2,5 m pour plier et ranger ma voile. Une heure pour sortir l'aile des buissons et la ranger ; une demi heure de plus pour me frayer un chemin dans l'épaisse végétation de la pente pour atteinde les champs de canne à sucre du dessus ; une heure de plus pour atteindre le premier village et une de plus pour rejoindre Valle, pendant que -presque- tous les autres festoient sur la jolie plage gazonnée du lac... Mais je suis en forme, même très en forme ; je ne peux pas me plaindre ; j'ai fait un beau raté sportif mais l'aventure continue et je continue à sourire. Après la remise des prix, il y a la grande fête qui réunit notre grande famille ; tout le monde danse et se réjouit à bord du bateau au rythme de la musique de Pal pendant que nous voyons défiler les lumières de Valle comme dans un rêve. La fête bat son plein avec la participation de toutes ces ravissantes Mexicaines, parmi tous ces amis qui célèbrent la fin d'une nouvelle aventure commune. Vient le matin ; il est temps de partir et d'aller vers l'aéroport attraper son avion. Sauf que moi, je reste ici avec mon amie mexicaine ! C'est elle qui est responsable de mon retard dans la rédaction de mon texte ! Pas moi !
Te quiero, mi amor.
Gagner ou perdre, l'essentiel est de continuer à fêter la compète et de vivre dans l'amour. Avec le monde, avec la vie, avec nos jeux, avec elle quelle qu'elle soit !!
-Yassen